Les départs croissants du personnel de l’université du Burundi inquiètent les autorités de l’unique université publique du pays. Face à ce phénomène, le Recteur de l’université promet des mesures de freiner ces mouvements
Le Recteur de l’Université du Burundi tire la sonnette d’alarme sur l’allure inquiétante du personnel qui craque la porte de l’institution académique publique de renom au Burundi. « Le mouvement de départs du personnel de l’université du Burundi risque de paralyser le bon déroulement des activités et d’impacter négativement les performances des services rendus », indique Audace Manirambona, le Recteur de l’Université du Burundi dans une correspondance qu’il adresse au ministre de l’Education nationale et de la Recherche Scientifique en date du 16/12/2024.
Alors que l’université du Burundi accueille depuis le 8/12/2024 les nouveaux venus pour la rentrée académique de 2024-2025, les rapports des départs du personnel enseignant sont statistiquement de mauvais augures. « Au total, 41 enseignants ont quitté leurs fonctions en 2024 alors que ces chiffres n’étaient qu’à 10 enseignants en 2023, 4 enseignants en 2022 et 2021 ainsi qu’un enseignant en 2021 », rapporte le recteur de l’université du Burundi.
Le tableau retraçant l’évolution des départs du personnel de l’université du Burundi fait état de 6 femmes en 2020, de 5 femmes en 2021, de 6 femmes en 2022 à 9 femmes en 2023 avec un total de 26 femmes. Selon le même rapport, le nombre d’hommes qui ont craqué la porte de l’université du Burundi n’a pas cessé d’augmenter d’une année à l’autre. « Ces effectifs des départs sont passés de 12 hommes en 2020 et 20 hommes en 2021, de 21hommes en 2022 à jusqu’à 34 hommes en 2023 avec un total de 91 hommes », poursuit le même rapport. Dans ce même contexte, les non enseignants ayant quitté l’Université du Burundi sont passés de 17 enseignants en 2020, de 21 enseignants en 2021, de 23 enseignants en 2022 jusqu’à 33 enseignants en 2023 avec un total de 77 enseignants. Globalement, 118 employés soit des femmes, des hommes, des enseignants ou non enseignant ont quitté l’Université du Burundi au cours de l’année académique.
Bien que les autorités de l’université ne mentionnent pas les raisons des départs massifs du personnel de l’institution, certaines sources prouvent que les conditions salariales précaires sont la principale cause. « Comment se peut-il qu’un professeur de grade de doctorat reçoit moins de 200 dollars par mois puisse tenir son emploi alors que ses collègues de même grade de la Région perçoivent jusqu’à 4000 dollars par mois ? », demande Désiré Nisubire, Professeur de l’Université et président du syndicat des enseignants. Se basant sur les salaires d’autres professeurs de la Région, le professeur Désiré Nisubire précise qu’au Rwanda, un professeur de l’université au grade de doctorat touche 3000 dollars ; celui de la République démocratique du Congo reçoit entre 2000 et 3500 dollars tandis que la Tanzanie, le Kenya et l’Ouganda payent jusqu’à 4000 dollars aux professeurs docteurs des universités. Désiré Nisubire avertit que s’il n’y est pas des changements majeurs, les départs actuels surtout en faculté de médecine étouffent les départements d’anesthésie et Réanimation, Médecine physique et la santé publique qui risquent de fermer pour du bon à tout moment.
Face à ce phénomène, le Recteur de l’Université du Burundi promet au ministre de l’Education et de la recherche Scientifique que la direction de l’Université du Burundi des propositions des mesures visant à freiner ces départs.
Juldas Nduwayezu