BURUNDI: l’engrenage de l’endettement brouille l’espoir de développement

A une allure qui ne faiblie pas l’endettement suit une courbe ascendante au Burundi. Pourtant, les résultats tangibles des dettes laissent à désirer. La dette intérieure augmente chaque année la même chose pour la dette extérieure. Actuellement les voix s’élèvent à l’égard de possible implosion économique.

Les chiffres actuels de la dette intérieures s’élèvent à plus de 5300 milliards BIF soient près de 2000 000 USD et plus de 1600 milliards BIF de la dette extérieure soit plus 600 000 USD. Cette situation de la dette ne rime pas plutôt avec la croissance économique car le taux de croissance attendu en  2023 est de 2,9%. Néanmoins, il est encore tôt pour espérer la régression de l’endettement. « La réalisation de tous les grands projets d’infrastructures notamment les routes goudronnées, les barrages hydroélectriques et certains projets de l’agriculture exigent la contraction des dettes extérieures », indique Audace Niyonzima ministre en charge des finances. Cette situation se présente ainsi car le pays, dit-il ne dispose pas de capacités d’investir dans ces domaines. Mais, dans tous les cas la gestion des dettes reste toujours un débat. C’est au moment où certaines  dettes contractées sont gérées soit par l’administration centrale qui les  contracte, soit rétrocéder à ses sociétés ou les sociétés à participation publique qui disposent de l’expertise vis-à-vis des projets à financer par les dettes. Pourquoi alors ces sociétés de l’Etat qui bénéficient de la rétrocession des dettes contractées tombent une après une en faillite ?

Les entreprises de l’Etat s’endettent et s’enfoncent dans la faillite !

S’endetter ne suffit pas mais plutôt la gestion de la dette importe plus. A titre illustratif,  l’ONATEL (Office Nationale de Télécommunication) crée en 179. Cette société a démarré avec un capital de 208 393 911 BIF. Ce capital a augmenté jusqu’à 2 milliards BIF mais après c’est la chute libre et l’accumulation de la dette qui ont suivi. Parmi les dettes que le gouvernement doit rembourser figure celle de 45 milliards BIF accordée par la société chinoise HUAWEI et la dette de 13 million USD donnée par Exim Bank of China toutes rétrocédées à l’ONATEL, indique Audace Niyonzima le ministre en charge des finances lors de l’explication de la révision de la loi no1/03 du 07 mai 2016 régissant la gestion de la dette publique ce mardi. L’endettement de cette société de l’Etat jusqu’en 2021 s’élevait à 117 milliards. Néanmoins, la faillite est à la porte. De la même manière la société publiques REGIDESO qui détient le monopole de la distribution de l’électricité et l’eau dans tous les endroits urbanisés a bénéficié de la dette rétrocédée par l’Etat qui s’élève à 135,9 million USD mais la santé financière de cette société n’est du tout bonne selon les députés. C’est la même chose que la dette de 77 milliards USD rétrocédée à la société publique STNB ( Société de Télédiffusion Numérique du Burundi) qui n’a donné aucun résultat, critique le député Lazar Mvuyekure. Pour lui, ces dettes sont odieuses.

Comment les dettes se volatilisent après être contractées

Le détournement est l’une des causes pointée du doigt qui conduisent au manque d’impact de la plupart de dettes. Le député Agaton Gwasa n’y va pas par quatre chemins. Pour lui, la douceur de l’Etat envers ceux qui détournent des grandes sommes ne dissuade pas cet acte ignoble. « L’Etat doit traiter les citoyens de la même manière. Ceux qui volent les bananes dans les champs sont jugés et jetés dans les prisons. Mais, à la grande surprise, ceux qui détournent les grandes sommes sont priés de verser l’argent volé sur les comptes du trésor public et partir tranquillement sans être inquiété», fustige Agaton Rwasa. Dans cet ordre d’idées,  le député Bed Nyandwi s’interroge sur les mécanismes de lutter contre le détournement dans le cadre de la gestion de dettes. Pourtant, la loi en vigueur régissant la gestion de dette ne prévoit nulle part les sanctions contre les responsables défaillants dans la gestion des dettes. Un autre élément qui pourrait être à l’origine de détournement des dettes contractées c’est le non respect de la constitution.  L’article 95 de cette loi fondamentale exige les membres du gouvernement de faire la déclaration de biens et patrimoines  à l’entrée et à la fin de leurs fonctions. Cet article est ainsi libellé « lors de leur entrée en fonction et à la fin de celle-ci le Président de la République ; le Vice-Président de la République, le Premier ministre et le membre du gouvernement sont tenus de faire sur leur honneur une déclaration écrite de leurs biens et patrimoines adressée à la cour suprême». Néanmoins, un seul membre du gouvernement a osé le faire. Cela peut accroître les tentations de détourner les fonds publics y compris les dettes sans aucun souci. Mais peu importe la bonne ou mauvaise gestion, les dettes extérieur ou intérieur doivent être remboursées.

Quand l’heure de remboursement augure l’engrenage d’endettement.

Le remboursement des dettes sont souvent un casse-tête. Le ministre en charge de finance indique que quelques fois l’administration centrale burundaise contracte des dettes pour rembourser celles contractées antérieurement. En outre, quand la dette arrive à  l’échéance sans que le gouvernent soit à mesure de s’acquitter on négocie la reconduction de la dette contractée, fait savoir Audace Niyonzima ayant les finances dans ses attributions, bonjour le début de cercle vicieux de l’endettement. Pour bien comprendre le poids de la dette sur le Burundi, autour de 29 % du budget de l’exercice budgétaire 2023-2024 en cours sont destinés à payer les intérêts des dettes contractées. Soit une somme de 900 milliards BIF. La complexité de rembourser les dettes contractées par le Burundi est aggravée par le fait que les dettes sont contractées en devise mais les services découlant des projets réalisés sont essentiellement vendus en monnaie locale. Il devient alors difficile de trouver les devises pour rembourser les dettes extérieures. Pour Prosper Niyoboke expert en économie et enseignant à l’Université du Burundi il faut que les dettes soient  plutôt contractées pour financer  les projets qui génèrent des devises pour faciliter leur remboursement.

Salvator Niyonizigiye