Sans totalement fustiger le paiement électronique, les chauffeurs et les convoyeurs doutent sur les avantages qu’ils vont y tirer. Désespérément, ils craignent une réforme au profit des propriétaires de véhicules, en leur défaveur.
Sous le soleil accablant, aux parkings du centre-ville de Bujumbura, l’Office burundais de transport en commun (OTRACO) inaugure le nouveau système de paiement des frais de bus. Un mardi qui marque une nouvelle ère aux chauffeurs et convoyeurs de bus. La venue du paiement électronique. En qualité de pionnier dans le transport, l’OTRACO invite d’autres investisseurs dans le domaine de transport ; à lui emboiter le pas dans l’utilisation de cette méthode de collecte des fonds.
« J’invite d’autres propriétaires de bus qui font le transport, à utiliser ce système de paiement électronique. Tout argent qui entre est bien contrôlé. Il n’y a aucune fuite », dit Denis Bukuru, directeur général de l’OTRACO. Ce discours est suivi d’une huée émanant des chauffeurs et convoyeurs du parking connu comme « Parking Musaga » qui étaient massivement venus assister au lancement de cette méthode. A tort ou à raison, ces employés, souvent sans contrat ni sécurité de travail, n’acclament pas cette méthode.
Un chauffeur d’un bus Coaster, sous couvert d’anonymat exprime une crainte que certains chauffeurs dont lui-même vont perdre leur pain quotidien et surtout leur travail. « Sauf ceux qui travaillent pour ces grandes sociétés (citant ici la société Van Transport), nous n’avons pas de contrat de travail. Le boss t’appelle et il te donne la voiture. Nous n’avons pas de salaire. Nous mangeons ce qui nous reste ; après avoir rendu le versement journalier au boss », indique-t-il, avec une voix basse.
L’état de routes défie ce rêve de maximation de profits.
Relatant les avantages du système de paiement électronique pour les propriétaires des véhicules de transport de personne, Pascal Nigarura ; directeur général de Burundi wallet electronic payement (Bi-Wep), société qui commercialise ce système mentionne la fin du travail pour les convoyeurs. Comme ça, le propriétaire du véhicule va gagner plus car, le budget de traitement des convoyeurs resteront désormais dans les caisses, vante-t-il.
Pourtant, le chauffeur qui était sur place s’inquiète. « Dans ces routes qui n’ont pas de parkings aménagés où les gens attendent les bus, un convoyeur est toujours utile. Le chauffeur va- t-il quitter le volant pour courir derrière les clients?» s’interroge-t-il. Toutes ces questions, selon ce chauffeur, mettent en doute la plus-value de ce nouveau système de payement dans les transports en commun. Wait and see.
Signalons que ce système n’est pas nouveau à Bujumbura. En 2022, la société Chrono Logistics l’avait tenté, mais sans succès.
Eric Niyoyitungira